Histoires de fantômes et feuilletée aux nectarines

Un de mes plus vifs souvenirs d’enfance et d’étés passés en Toscane c’est autour des soirées de veillée devant les maisons. A tour de rôle, en été, quelqu’un prenait l’initiative d’organiser une « veglia » dans le jardin de sa maison et tous, villageois et touristes, étaient invités. Les adultes se mettaient en cercle et les enfants jouaient autour, souvent à cache-cache ou à se faire peur, car la nuit calait bientôt et la seule lumière était autour du cercle des adultes. La nuit, dans des maisons éparpillée sur les collines, était vraiment noire et bientôt les jeux loin des maisons commençaient à s’estomper et les enfants à se recueillir autour du cercle des adultes. Inévitablement, à un certain moment, quelqu’un commençait avec des histoires de peur. Souvent la narratrice des histoires était une vieille dame du village et normalement l’histoire était précédée par des serments sur sa véridicité et des assurances qu’elle s’était passé pour le cousin (la cousine, l’amie, un parent, une tante, une nièce bref, quelqu’un de la famille). Plus ces serments étaient importants, plus l’histoire allait être bizarre et le silence autour devenait profond. A un certain moment l’histoire commençait.  Les ingrédients était similaires à ces des films gothiques : des cimetières, des lumières qui bougeaient toutes seules dans la nuit (« la pellegrina »), des évènements inexplicables, des mauvais œil,  des défis au destin par des malheureux, des enfants habités pas des démons, des maisons hantées, des bruits et objets qui bougeaient tous seuls etc. Les histoires de peurs étaient bien sur celles autour de minuit. Après, la compagnie se quittait. Chacun retournait dans sa maison…sauf que…Souvent retourner chez soi voulait dire faire des kilomètres au noir plus complet, parfois au début par petits groups qui devenaient de moins en moins nombreux au fur et à mesure que chacun trouvait le sentier pour sa maison. La maison de mes parents étaient une de plus isolée ; à un certain moment je restais seule sur le sentier et, malgré la répétition silencieuse du mantra « ce n’est pas vraie, c’est des histoires de paysans, les fantômes n’existent pas » toutes les ombres du sentier prenaient des formes bizarres. Les branches semblaient des bras levées au ciel pour demander de l’aide, les phares de la voiture des yeux méchants qui me regardaient, les chats que je croisais des bêtes du diable, les bruits des animaux de la nuit devenait sinistres et inquiétant. Le jour après les gens de la veillée, quand ils me rencontraient au village, me complimentait pour mon courage et mes parents aussi. Ils n’étaient pas la, pendant la nuit, quand j’étais prise par la peur…

Cette année nous avons relancé l’habitude des soirées devant les maisons. On lance les invitations pour le dessert devant chez nous, après le diner. Les collines se sont vidées de paysans, il n’y reste plus que les touristes et même les touristes ne sont plus si nombreux. Beaucoup de maisons sont maintenant abandonnées, beaucoup de sentiers sont envahis par les ronces et les fougères et nous obligent à des longs détours quand on fait la cueillette des mûres. Les vielles dames qui nous racontaient les histoires de peur pendant mon enfance ne sont plus la depuis un moment. Mais le plaisir de se retrouver reste intact, comme la magie des couchers de soleil derrière les collines et de la nuit, toute profonde, toute noire, remplie des bruits des animaux sauvages, d’étoiles filantes et de rien d’autre.

Pour une de ces soirées j’ai fait cette feuilletée aux nectarines. En soi, rien de particulièrement élaboré. Mais avec les nectarines juste cueillies et la pâte faite maison, ensemble avec les grillons et les histoires (finis les histoires de peur, c’étaient plutôt des histoires pour rigoler J) dans la nuit en Toscane, nous l’avons beaucoup apprécié !

 

Ingrédients (Environ 8 parts, ça dépend combien vous êtes gourmands)

Pour la pâte feuilletée express de Christophe Felder

  • 250 grammes de farine
  • 200 grammes de beurre gardé au congélateur pendant quelques heures avant la préparation
  • Environ 125 grammes d’eau
  •  5 grammes de sel

Pour la farce

  • 6/8 nectarines
  • 70 grammes de sucre
  • Le jus et les zestes d’un demi citron
  • 50 grammes de beurre
  • 2 grandes cuillères de sucre
  • (si vous aimez le binôme) quelques brins de feuilles de romarin

 

  1. Faire d’abord la pâte. Couper le beurre très froid en petits dés. Mettre la farine et le sel dans un bol et mettre dedans les dés de beurre. Mélanger sans trop défaire les cubes de beurre. Ajouter la farine en continuant à travailler très vite et sans trop défaire les cubes. Obtenir une boule.
  2. Encore sans défaire les cubes de beurre éteindre la boule en rectangle sur le plan de travail bien fariné. Replier les extrémités du rectangle sur elles mêmes en portefeuille (les petits cubes seront parfois intégrés parfois resteront entiers). Baisser encore la pâte repliée en portefeuille en rectangle et replier en portefeuille. Répéter ces opérations pendant 5 ou 6 fois. Après la dernière réserver la pâte au frigo.
  3. Préparer la farce. Couper les nectarines en huit parts, les mettre dans un bol avec le jus du citron. Dans une poêle faire dissoudre le beurre et le sucre pour fabriquer un caramel. Quand le caramel est bien bruni mettre les quartiers de nectarines dans la poêle et les laisser caraméliser et perdre leur eau pendant une dizaine de minutes. Moi j’avais ajoutés aussi les aiguilles de romarin dedans. Réserver.
  4. Prendre la pâte du frigo et la baisser à une hauteur d’environ 3 millimètres et sur une feuille de papier sulfurisé. La poser dans le moule allant au four, enlever l’excès, avec une fourchette pratiquer des trous au fond et la repasser au congélateur pendant une dizaine de minutes. Cependant allumer le four à 200°.
  5. Prendre votre moule avec la pâte bien froide, asperger environ 2 cuillères à soupe de sucre sur la surface et mettre au four pour cuire « à blanc » pendant 15/20 minutes. Vous pouvez mettre des poids si vous voulez, elle gonfle un peu mais ce n’est pas trop grave, le poids des pêches va la faire baisser. Cette opération va garder votre pâte bien sèche et craquante une fois que vous aurez ajoutés les pêches qui sont assez humides.
  6. Quand la pâte a bien durci la retirer du four et très vite déposer les pêches caramélisées sur la surface. Remettre au four 180° pendant encore environ 15 minutes. Retirer du four, laisser refroidir sur une grille et servir avec de la glace à la vanille. Un vrai délice. Et attention aux fantômes 🙂 !
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4 commentaires pour Histoires de fantômes et feuilletée aux nectarines

  1. Merci, Silvia, pour ce récit qui démontre qu’il n’y a pas que les bretons qui ont des histoires à raconter pour faire peur. Les contes et légendes bretonnes sont donc certainement plus proches de ceux de l’Italie qu’on ne le pense. Bonnes vacances. Bénédicte

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  2. roijoyeux dit :

    belle anecdote !

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