Serendipity, ou les gressins au surplus de levain qui devaient être des piadine

J’ai été, depuis toute jeune, absolument fascinée par le concept de « serendipité ». La première fois dans laquelle j’ai rencontré ce mot a été pendant l’élaboration de mon mémoire en économie, qui avait par objet la créativité en entreprise. Je me souviens encore du moment où, pendant des recherches à la bibliothèque, j’ai rencontré (la aussi par serendipité) la belle histoire racontée par Horace Walpole, inspiré par un conte italien, sur les trois princes Srilankais qui partaient et, sans intention, faisait beaucoup de belles découvertes en voyageant. C’est d’ailleurs de l’ancien nom du Sri Lanka, Serendip, qui vient le mot « serendipité ». J’avais beaucoup travaillé ce mot dans mon mémoire, car beaucoup d’inventions et de produits créatifs arrivent sans intention, ou bien, avec l’intention d’arriver à un point, de rechercher, de créer quelque chose, marié à la capacité de regarder autour de soi en restant ouverts à ce qui peut émerger,  pour ne pas valoriser seulement ce qu’on cherchait mais aussi ce qu’on a trouvé pendant le chemin. A partir de cet après midi à la bibliothèque universitaire Walter Bigiavi à Bologne, ce mot m’a accompagné dans tous les moments de ma vie, comme une alerte à ne pas regarder ce que je cherchais mais aussi les erreurs, les ratages, ce qui, seulement apparemment, n’a pas marché car souvent c’est par la qui se cache l’innovation.

La serendipité existe dans tous les domaines de la recherche…c’est ce qu’on expérimente en surfant pour chercher, par exemples, un bouquin, ou une info et tout à coup on trouve un bouquin plus intéressant ou une info qui nous intéresse pour un autre projet mais aussi le phénomène qui a emmené à des découvertes telles que le four à micro ondes (on s’en seraient passés ahahah), les post-it, la pénicilline et même l’Amérique, vu que Cristobal Colombo était parti à la recherche des Indes.

La serendipité en cuisine est notoirement quelque chose qui se passe souvent. On rassemble les ingrédients, on travaille, on rate…et tout à coup on se dit que en fin des comptes ce n’est pas un ratage mais un plat qu’on  ne voulait pas mais qui est bon…et c’est tellement réjouissant quand ça se passe…ou du moins moi j’expérimente des vrais moment de bonheur quand, plutôt que prendre le tout et me diriger vers les poubelles je me rends compte que c’est inattendu et bon!

La cuisine au levain réserve beaucoup de surprise, cela j’ai déjà eu l’occasion de le dire sur ces pages…c’est une cuisine du vivant, du particulièrement vivant;  personnellement je reste toujours très fascinée par les transformations que le levain traverse lui même et qui fait traverser dans les préparations la où il est présent. Et venons à ces grissinis…il devaient être de la piadina romagnola. J’avais déjà fait de la piadina avec le levain, elle était très bonne mais je n’avais pas pris des photos avant qu’elle ne disparaisse, victime de sa propre bonté. Donc je voulais en refaire et partager la création de Gino (le levain). Mais, entre une chose et l’autre, j’ai oublié que la pâte à piadina était censée lever seulement une demie heure…le reste de l’histoire je vous le raconte dans la recette car la il s’agit de temps de pousse, de surprises et de recyclage !!!

Ingrédients (environ 25 gressins)

  • 200 grammes de surplus de levain (le mien avait été rafraîchi la veille)
  • 80 grammes de lait
  • 80 grammes d’eau tiède
  • 300 grammes de farine T55
  • 4 cuillères à soupe d’huile d’olive vierge extra
  • 5 grammes de sel
  • Huile d’olive pour huiler la plaque du four
  1. Je voulais faire des piadine (« vraie » recette ici, en fait normalement on ne le fait pas avec du levain;  le levain ici ne sert pas du tout à le faire pousser mais seulement à donner un bon goût) donc jusqu’à à un certain point ça marchera pour des piadines et après…serendipité. Donc prendre le surplus de levain et le dissoudre dans le lait à température ambiante. Ajouter l’eau, l’huile d’olive, bien mélanger et commencer à ajouter la farine. Ajouter en fin le sel et travailler la matière pour en obtenir une boule bien lisse, que vous travaillerez avec la méthode de la « pirlatura » (je ne sais pas le mot en français, pour plus de précisions regardez ces images)
  2. La recette des piadine prévoyait maintenant une demie heure de repos pour la pâte mais c’est la que les choses ont changé…donc faites reposer la pâte hors frigo pour 4 heures. Quand vous vous rendez compte que vous vouliez faire des piadine mais que deshormais c’est trop tard car la pâte a commencé à pousser, etendez la, en l’étirant, sur une plaque à four bien huilée. Laissez encore pousser pendant 4 heures, vous verrez que la pâte presque redouble.
  3. Allumer le four 200°
  4. Avec le coupe-pate coupez maintenant des lanières de pâte d’un centimètre environ. Vous remarquerez qu’elle est très élastique (si tout a bien marché). Etirez la le tant que vous pouvez en la retournant sur elle même, il faut la tortiller un peu, regardez la photo pour la forme des gressins. Ne vous en faites pas si les gressins sont de longueur différentes, ils seront jolis quand même
  5. Posez vos gressins sur la plaque du four bien hulée, et, à l’aide d’un pinceau, distribuez de l’huile aussi sur la surface des gressins. Parsemer de sel de guerande.
  6. Cuire chaque plaque environ 12 minutes (vous verrez quand ils sont cuits)
  7. Enlever du four, poser sur une grille pour refroidir.
  8. Consommer sans modération, avec du jambon de Parma tortillé, pour un apéro à l’italienne. Les gressins restent assez souples à l’interieur, un juste milieu entre du très bon pain à l’huile et des gressins, ils sont délicieux!!! Vous ne regretterez rien, surtout pas la piadina.

 

Cet article, publié dans Apéro, est tagué , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

8 commentaires pour Serendipity, ou les gressins au surplus de levain qui devaient être des piadine

  1. anaverbaniablog dit :

    Très beau billet, instructif, et gourmand ! ^^

    J’aime

  2. Marie-France dit :

    Bonjour Silvia, grâce à votre abonnement à ma page sur Hellocoton, je découvre votre blog qui est vraiment très intéressant. Je ne vais pas souvent sur d’autres blogs, faute de temps, mais là j’admets que la découverte me plait, notamment cet article très bien écrit. La sérépendité ! Voilà un mot qui ne me fera pas mourir idiote 😉 dommage qu’il ne rapporte pas plus au scrabble (je rigole !). Le concept est intéressant, là aussi, et effectivement on peut l’adopter pour plein de choses dans la vie. Merci et à très bientôt.

    J’aime

    • silviagollini dit :

      Merci Marie France quel chaleur transperce par votre message! moi aussi je vous ai découverte sur Hellocoton et j’aime beaucoup votre blog…la serendipité, outre à être un très beau concept est aussi un très joli mot je trouve 🙂 bonne soirée à vous et à bientôt

      J’aime

  3. ecceamor dit :

    Il y en avait toujours chez ma grand-mère (Corse), ce sera une madeleine de Proust pour moi de les réaliser et les déguster ! 😊

    Aimé par 1 personne

  4. Le genre de grignotage addictif au possible, haha.
    Merci pour cette jolie recette 🙂

    Il vous reste une petite place ?
    http://unchatdanslacuisine.fr/2017/09/26/marbre-au-chocolat/

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.