AMAP: histoire

Dans les années soixante, au Japon, des mères de familles s’inquiétèrent des conséquences de l’intensification de l’agriculture, et eurent le sentiment d’empoisonner leurs enfants en les nourrissant. Elles décidèrent alors de se regrouper et de passer un contrat avec un agriculteur : en échange de la garantie d’achat de toute sa production à l’avance, l’agriculteur s’engagea à cultiver sans produits chimiques. Ainsi naquirent les premiers « Teikei », que l’on peut traduire par « mettre le visage du paysan sur les aliments« .

Le Teikei a accompagné, au Japon, le développement de l’agriculture biologique, en contribuant à la mise en place d’un fonctionnement durable de la production et de la distribution de produits fermiers sains, caractérisé par un esprit d’entraide et de coopération. (cf. « L’agriculture participative », sous la direction d’Hiroko Amemiya).

C’est en 1978 que Teruo Ichiraku, initiateur du mouvement, présente les 10 principes de Teikei. Le principe essentiel souligne l’importance des liens fraternels entre les producteurs et les consommateurs, liens qui ne soient pas fondés sur la relation commerciale : la rémunération est la récompense qui revient aux producteurs pour leur engagement accompli. Parmi les autres principes figurent l’effort de consentement mutuel favorisant la rencontre et l’échange, la définition d’un prix rémunérateur pour l’activité, la nécessité, pour chaque membre, d’assumer une responsabilité partagée et la persévérance pour un progrès évolutif.

En effet, ces principes décrivent un idéal vers lequel il faut tendre, et guide l’action collective vers cet idéal.  Les membres dont la réflexion reste peu approfondie vont apprendre et évoluer au travers de la pratique collective.

Les premiers efforts des Teikei furent coordonnés par l’Association Japonaise d’Agriculture Biologique (JOAA, créée en 1971) et la Fondation pour la Recherche Internationale sur l’Agriculture Naturelle.

Le mouvement des AMAP se réfère au Teikei. A la même époque en Europe (Allemagne, Autriche, et Suisse), des expériences communautaires se basant sur le même principe se développèrent.

En 1985, le concept fut importé depuis l’Europe vers les Etats-Unis et prit le nom de CSA « Community Supported Agriculture ». Ces projets apparurent dans la région de New York comme un moyen de répondre à la diminution importante du nombre d’agriculteurs et à une difficulté d’accès des populations à bas revenu à une alimentation de qualité.

Les CSA se développèrent ainsi et se répandirent jusqu’au Canada, avant de traverser de nouveau l’Atlantique pour s’implanter en Grande-Bretagne.

Dès 2000, Daniel Vuillon envisage la création d’AMAP. En 2001, suite à un voyage aux Etats-Unis durant lequel ils découvrirent les CSA, les Vuillon, agriculteurs en périphérie de Toulon (83), décidèrent de lancer la première AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) en France. Cette expérience leur permet depuis de maintenir leur activité dans une région qui a perdu en 5 ans 15 000 exploitations agricoles, surtout parmi celles de petites tailles, soit un tiers de ses effectifs.

Aujourd’hui, le phénomène continue de se propager :

  • Europe du Nord, Hongrie, Ghana, Australie, Nouvelle Zélande
  • Au Japon, un foyer sur quatre participe à un Teikei (16 millions de personnes en 1993).
  • Aux Etats-Unis et au Canada, 1 400 CSA fonctionnent, regroupant 100 000 familles.
  • En Grande-Bretagne, 1 000 CSA existent.
  • En France, une vingtaine sont présentes en PACA, plusieurs projets sont en cours dans le reste de la France.

 

5 commentaires pour AMAP: histoire

  1. omk26 dit :

    Très intéressant ! Merci…

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  2. lartdeflaner dit :

    Je ne connaissais pas l’histoire. Merci pour cet article très intéressant. L’année dernière je m’étais abonnée à Bio Cabas, c’est un peu différent mais c’est vraiment chouette de savoir d’où viennent les produits que l’on mange.

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    • silviagollini dit :

      :-). Merci pour votre commentaires. Je sais que chez les « amapiens » les avis sur Bio Cabas, la Ruche qui dit oui etc. sont assez mitigés car il s’agit quand même d’entreprises . Moi par contre je penses que toutes les routes qui peuvent mener à une consommation plus responsable et plus respectueuse de l’environnement et de soi même sont bonnes.

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